GR700 Chemin de la Régordane

Elle tient ce nom du pays de Régordane qu'elle traverse, tout comme le Chemin de Forez prend le sien des montagnes qui l'entourent. Ce pays, et même cette province -provincia de Regordana en 1323 dans un acte du château de Portes, correspondrait approximativement au territoire qui s'étend entre les villes d'Alès en Cévennes, Chamborigaud, Pradelles et Largentière.

History of the Regordane WayGR700 Die RegordanewegGR700 De Regordane route
Histoire du Chemin Régordane / Saint Gilles (GR700) 1

 

Histoire de la voie Régordane GR®700

Histoire du Chemin Régordane / Saint Gilles (GR700) 2Cette voie très ancienne est née bien avant l'apparition de l'homme après qu'une dislocation nord-sud avec charriage des plaques ait ouvert des cols et, en particulier, le plus important d'entre eux, celui qui au sud de Villefort ouvre un passage à basse altitude au travers d'une barrière de 60 kilomètres de long formé par le Mont Lozère et le chaînon du Mas de l'Aire.

La faille a été génératrice de sources nombreuses qui la jalonnent. Les premiers animaux du monde l'ont instinctivement empruntée, de source en source, de col en col, dans un mouvement spontané de transhumance.

L'homme a suivi les animaux, des millénaires plus tard, en créant une draille, une simple piste. Certains pensent, non sans raison, que des convois d'étain l'ont empruntée entre les ports phéniciens de Saint-Valéry-en-Caux, en Normandie, et de Saint-Gilles.

Les Romains l'ont sans doute suivie pour charrier les métaux qu'on extrayait de part et d'autre dans des lieux dédiés au dieu du commerce et de l'industrie, Mercoire, Mercoirol, Mercouly. Mais ce n'était pas encore un axe majeur comme il le devint au Moyen Age, après le partage de l'Empire carolingien qui place la vallée du Rhône dans l'Empire germanique et fait du Chemin de Régordane l'itinéraire le plus oriental du Royaume. C'est à cette époque (XIIe-XIIIe siècles) que le charroi se développe en raison des progrès de l'attelage obtenus lorsqu'on réalise que c'est par leur poids que tirent les animaux (comme l'homme, d'ailleurs) et non, comme on peut le lire dans les manuels scolaires, en raison de la découverte de la traction par les épaules que les égyptiens pratiquaient au temps de Toutankhamon, quatorze siècles avant J.-C.

Histoire du Chemin Régordane / Saint Gilles (GR700) 3On trace alors la route sur les hauts plateaux du Thort, de la Molette et de la Garde-Guérin. On la taille dans le schiste sur les versants des vallées de la Cèze. Dans les villages, on bâtit des maisons sur de vastes entrepôts qui s'ouvrent sur la grande rue par des portes en ogives dont on peut voir des vestiges à Génolhac dans le Gard. Des véhicules, de petite taille et ne portant guère plus de 500 kilogrammes en raison des matériaux employés pour les construire, y circulent.

Une chanson de geste, le Charroi de Nîmes, dans la seconde moitié du XIIe siècle, évoque ce pays de Régordane où il y a "des chars et des charrettes à profusion", char et charretes i a à grant planté (v.950). S'il en est ainsi c'est qu'en cette période, le climat, semblable à celui que nous connaissons, est favorable à la pousse des végétaux. Les récoltes sont abondantes et que se créent des richesses qui doivent circuler. C'est une époque prospère qui s'offre le luxe de bâtir des cathédrales que nous serions bien en peine d'ébaucher. Sans le schiste, des charrettes à la voie de 1,40 mètre creusent des ornières par leur passage cent fois répété, comme ces sabots de bois qui finissent par user la pierre du seuil de la maison.

Mais le climat change au XIVe siècle et devient froid et humide. La nourriture devient rare et la population affaiblie est réduite de moitié par la peste cependant que la guerre de Cent Ans dévaste le pays. Le charroi s'interrompt et la route se dégrade. Le Chemin de Régordane ne voit plus circuler que des convois de mulets dont certains, chargés d'argent ou de safran, sont dévalisés par les Routiers anglais.

Histoire du Chemin Régordane / Saint Gilles (GR700) 4Il faut attendre la fin du XVIIe siècle, et, sans doute, l'attention que le Roi porte aux Cévennes protestantes, pour que le Chemin de Régordane reprenne vie. La route est plusieurs fois aménagée, construite, détruite par les eaux de ruissellement, réparée ou même reconstruite car, dans ces montagnes offertes au Midi, les orages du début de l'automne ont tôt fait d'arracher la grave, le tout-venant, dont on recouvre alors la chaussée. La Côte de Bayard, entre Villefort et la Garde-Guérin, doit être rebâtie tous les dix ans. D'abord, elle s'élève à la verticale du village de Bayard, toute en lacets, comme une échelle précise le procès-verbal de visite. Au milieu du XVIIIe siècle, on abandonne ce chemin difficile, pour une route entièrement nouvelle qui prend en écharpe le versant qui retombe depuis la Cham Morte : c'est le vieux chemin qu'on emprunte encore aujourd'hui, bien délabré, avec un reste de pavé que certains disent "romain" bien qu'il ait été posé sous le Ier Empire !Des charrettes, plus étroites que celles du Moyen Age, copiées sur celles du Velay, roulent de nouveau sur le sentier de Régordane et y creusent des ornières à la voie de 1,20 mètre.

Au cours du XIXe siècle, on construit la route actuelle, toute en courbes (il y a peu de temps, nous avions compté 650 virages d'Alès à Pradelles en Haute-Loire) pour adoucir les pentes et permettre aux chevaux des diligences de marcher au trot. Nos puissantes voitures doivent s'en accommoder !Histoire du Chemin Régordane / Saint Gilles (GR700) 5Au fil du temps, la route se déplace. Il reste des points fixes, des cols qu'on ne peut éviter. Mais entre ceux-ci, la route passe tantôt ici, tantôt là. Comme ces fils téléphoniques qui demeurent attachés aux isolateurs mais se balancent au gré du vent.

Cependant, cette route n'a pas été qu'une simple artère commerciale. Pendant des siècles, elle draine les pèlerins qui, du "nord" descendent vénérer le tombeau de saint Gilles dans son abbatiale provençale, au sud de Nîmes. La littérature médiévale révèle l'importance de ce sanctuaire et la place qu'il occupe dans celle-ci le désigne comme le premier pèlerinage de notre pays.

Saint Gilles est loué comme le seul saint qui ne fait jamais défaut à celui qui l'invoque avec foi. On s'y presse donc, en si grand nombre que 134 changeurs de monnaie trouvent à subsister. A Saint-Gilles, on trouve aussi à s'embarquer vers Rome et Jérusalem, car c'est un port de mer florissant, sur le Petit Rhône, qui ne sera détrôné que par Aigues-Mortes, après 1240, en attendant que Marseille devienne française au XVe siècle. Si Saint-Gilles a été une étape sur une route de pèlerinage, c'est bien sur celle de la Terre Sainte, bien plus que sur celle de Compostelle car on ne connaît pas de Jacquaire qui se soit attardé sur le tombeau de l'ermite à la biche.

Enfin, cette route a un nom : c'est le Chemin de Régordane (c'est l'expression par laquelle on le désigne dans les anciens documents; l'appellation impropre de Voie Régordane - pour faire "romain" - n'apparaît qu'au XXe siècle). Elle tient ce nom du pays de Régordane qu'elle traverse, tout comme le Chemin de Forez prend le sien des montagnes qui l'entourent. Ce pays, et même cette province - provincia de Regordana en 1323 dans un acte du château de Portes, correspondrait approximativement au territoire qui s'étend entre les villes d'Alès en Cévennes, Chamborigaud, Pradelles et Largentière.

Son nom, apparenté à gord, gourd, fréquent dans tout notre pays, désignerait un pays de vallées profondes ce qui correspond bien à sa réalité physique. Aussi, le Chemin de Régordane n'est désigné sous ce nom, dans les documents consultés, qu'entre Luc et Alès.

Histoire du Chemin Régordane / Saint Gilles (GR700) 6Voilà, l'histoire de ce chemin prestigieux qu'on ne peut résumer en quelques lignes et qu'on trouvera développée ailleurs. Aujourd'hui la route est assoupie depuis plus de cent ans, comme la Belle au Bois Dormant : Régordane n'a-t-il pas été aussi un nom de femme ! Il vous appartient de devenir son prince charmant et de l'éveiller, suivez-la en étant attentif à ses vestiges, à la beauté des paysages qu'elle traverse et qui changent à mesure que, du Puy en Velay à Alès, on perd en altitude.

Guettez l'apparition des premiers châtaigniers sous la Garde-Guérin, des chênes verts en abordant la vallée de la Cèze, des premiers ceps de vigne à Vielvic, des oliviers en passant le col du Mas-Dieu, et bien d'autres choses encore.

Soyez attentif à lire ses vestiges, ses ornières creusées dans le schiste, sa Côte Bayard dont les murs de soutènement montés à pierre sèche résistent depuis deux siècles, avec ses bouteroues (les ancêtres de nos glissières de sécurité) et ses beaux restes de pavage.

Alors, prenez votre bâton, votre sac et partez à la découverte du Chemin de Régordane. Texte préparé par Marcel Girault, juillet 2000 Le Chemin de Régordane. Nîmes, Lacour, 3e éd. 1988.- Les passionnés d'histoire pourront lire la thèse que l'auteur a consacrée à cette route (Tours, 1980).

Le tronçon le plus intéressant du Chemin de Régordane se situe entre La Bastide-Puylaurent et Génolhac (à découvrir dans ce sens). Pour parcourir cette route prestigieuse sans se perdre, on pourra se référer au guide préparé par Marcel Girault, Le Chemin de Régordane, Guide à l'usage des pèlerins de Saint-Gilles, des Régourdiers et autres marcheurs, du Puy-en-Velay à Saint-Gilles du Gard. Nîmes, Lacour, 1998 : description de l'itinéraire, cartes schématiques et notes.

Elle s'est endormie, ou plus précisément assoupie... La parcourir, c'est lui redonner la vie car sa vocation, c'était le cheminement. Celui des marchands arvernes et grecs. Celui des chevaliers, des pèlerins, des colporteurs. Des jongleurs et des troubadours. Route du vin, des épices, du simple sel comme de l'huile et des fromages. Mais aussi route "stratégique" de l'étain vers la Méditerranée. De la chevalerie franque en marche contre les sarrasin.

Histoire du Chemin Régordane / Saint Gilles (GR700) 7Du moine en pèlerinage vers Saint Gilles et peut-être l'Orient. Un sentier d'étoiles dans la voie lactée du voyage que fut le Moyen-Âge.

Le voyage du prêtre Aulanier du Brignon sur la Voie Régordane au XVIIe siècle.
16 november 1644 : de bon matin (départ) pour le voyage de Nisme en Languedoc disner à Pradelles où despensé 16 sols; à Pranlas un picotin pour ma cavale et collation : 5 sols 6 deniers et souper et coucher à la Bastide, 23 sols.
17 november : partis à l'aube du jour de la Bastide, fus disner à Villefort au logis des trois rois, despensé 17 sols 6 deniers; collation et picotin à Genolhac, 4 sols 6 deniers; souper et coucher au Pradel chez le logis appelé Fornier, despensé 19 sols 9 deniers.
18 november : parti du Pradel au lever du jour, l'Abbé Aulanier dîne à la Lège d'Alais où il dépense 23 sols 3 deniers pour lui et son cheval; il fait collation et donne l'avoine à la Barraque de la Bitarelle où 9 sols 6 deniers sont dépensés; et enfin il arrive pour souper et coucher à Nismes ce qui lui coûte 25 sols 9 deniers compris 2 sols au port.

P. Grelet de la Deyte, à la fin du XVIIe siècle, a fait deux voyages entre le Puy et Montperlier:
« Jey fait deux voyages en la ville de Montpellier etagrave; savoir au mois de juin de l'année 1681 et l'autre au mois de janvier 1692. Pour y aller il faut passer du Puy à Bisac, à Costerot, à la Sauvetat, à Pradelles, à Langonhe, à Luc, à Pranla, à Regletout, à la chapelle Saint Thomas, au Tord, à la Molete, à la Garde Guérin, à Bayard, à Villefort, à Viluy, à Genoulhac, à Chamber Rigau, à Porte, au Pradel, au Maviau, à Saint Martin, à la ville d'Allex, à la Taverne, auquel lieu il faut passer la rivière du Gardon, à Ladinghan, à Crepian et à la chapelle, à la ville de Soumiere, à Formaingnhe, au Pont Neuf et à Montpellier. D'icy à Montpellier il y a environ 35 lieux. »
PAYRARD, J.B. Petites éphémérides vellaviennes. 1889, Le Puy en Velay. " Le livre de raison de Louis Jouve " dans Bulletin historique et scientifique de l'Auvergne. Tome XXXIII, n°603, 1964.

Elle s'est endormie, ou plus précisément assoupie... La parcourir, c'est lui redonner la vie car sa vocation, c'était le cheminement. Celui des marchands arvernes et grecs. Celui des chevaliers, des pèlerins, des colporteurs. Des jongleurs et des troubadours. Route du vin, des épices, du simple sel comme de l'huile et des fromages. Mais aussi route "stratégique" de l'étain vers la Méditerranée. De la chevalerie francque en marche contre le sarrazin. Du moine en pèlerinage vers Saint-Gilles et peut-être l'Orient. Un chemin d'étoiles dans la voie lactée du voyage que fut le Moyen-Âge.

Dire de la Lozère qu'elle est enclavée, c'est vouloir ignorer son histoire ou tout au moins la réduire à l'époque des chemins de fer...

Histoire du Chemin Régordane / Saint Gilles (GR700) 8La Lozère, et plus encore sa province d'origine le Gévaudan, non seulement n'a jamais été enclavée jusqu'au milieu du XIXe siècle mais, même, peut être considérée comme une zone particulièrement forte de grands passages, de confluences et de routes où rois, colporteurs, moines, chevaliers et marchands, troupeaux et charrois s' entrecroisaient intensément. Les mobiles d'une telle circulation étaient variés, enchevêtrés: religieux, économiques, militaires, pastoraux; avant tout c'était une zone de contact essentielle et privilégiée entre une civilisation méditerranéenne (qu'elle fut grecque, romaine ou arabe) et un monde nordique, les mystérieux pays de l'étain et des sombres forêts, régis par les peuples celto-germaniques.

Parmi les innombrables routes, sentes ou drailles qui traversent encore notre province; une nous est peut-être plus particulièrement proche : c'est la Voie Régordane, sentier qui reliait Nîmes au Puy en Velay et au pays arverne; la Méditerranée au monde barbare de la Gaule, voire aux contrées étranges de Bretagne et d'Irlande.

L'origine de cette voie se perd dans la nuit des temps. Probablement voie de transhumance naturelle puis pastorale à l'époque préhistorique, très vite elle s'enrichit d'une circulation de marchandises à l'époque romaine entre le pays arverne et celui des Volsques centré autour de Nemausus (Nîmes): du vin contre des armes et des bijoux; de l'huile et du sel contre froments et fromages... avec la progression du roulage, l'entretien puis l'élargissement de la voirie s'organise... les péages et les "protections" aussi car le pays est peu sûr et cette circulation de richesses appâte; surtout celles que constituent les produits orientaux (soieries, épices) arrivés par le port de Saint Gilles et remontant vers les célèbres foires de Champagne.

Des lieux de rencontres, d'échanges se constituent, amorce des villes et bourgs que nous connaissons aujourd'hui : Génolhac, LangogneLa Bastide Puylaurent, Villefort, étapes, abris, entrepôts d'un commerce qui enrichit les populations riveraines. Des forteresses aussi apparaissent, telles le château de Portes ou la Garde-Guérin qui protègent (ou contrarient) ces courants économiques mais aussi culturels.

Car tout naturellement, le GR®700 devient en plus une route de pèlerinage. Si les Gîtes d'étapes, les Chambres d'hôtes, les Hôtels ou autres auberges fleurissent, les lieux de culte aussi et ses assortiments de reliques dont notre Moyen Age a le si délicieux secret.

Juste au Nord, vers le Puy en Velay, passe le chemin de Saint Jacques de Compostelle. Celui des Teutons, qui draine tout le Nord Est de l'Europe vers le Sanctuaire Marial du Puy en Velay. Carrefour pour les Jacquets et autres pèlerins qui par la Régordane vont s'offrir une descente vers le grand Monastère de Saint Gilles et son port aux nombreuses destinations.Histoire du Chemin Régordane / Saint Gilles (GR700) 9

Chemin religieux, touristique, culturel également où ribaudes et ripailles trouvères et chansons de geste émaillent un pèlerinage quelque peu « longuet ". Les hôteliers de cette époque soignaient déjà l'accueil et n'ignoraient pas l'animation... les récits guerriers des croisades - et on sait que vers le Midi et l'Espagne, les croisades furent largement antérieures aux Croisés offrent un support de rêves et d'histoires aux longues nuits des mythiques vallées cévenoles.

Il faut suivre la Voie Régordane, découvrir ses pavages ancestraux, qu'ils soient romains ou "françois". Il faut observer sous la végétation les ornières laissées dans le rocher par les charrois lourdement chargés de denrées mystérieuses aux destins incertains; ces bourgs et ces porches considérables qui avalaient à la nuit tombante chevaux et mulets, ballots et colporteurs pour les restituer le matin dans la fraîcheur ensoleillée des couleurs des rumeurs, des odeurs...

Il faut, au long de notre périple, dans les traces nombreuses qu'ont laissées nos parents de cette époque, savoir lire leurs soucis, leurs espoirs, leurs mythes.Guilhem au cort Nes, Fierbrace est toujours là, présent et les fers de son destrier résonnent encore sur la dalle ancestrale. Lui qui emprunta la Régordane à partir du Puy en Velay pour reprendre Nîmes aux Sarrasins. Félons qui "au vrai Dieu ne croient ni à Dame Marie". Ils méritent donc un châtiment exemplaire :

Vestent hauberz, lacent hiaumes gemez
Ceingnent espées a ponz d'or noielez
Montent es seles des destriers atrivez ;
A lor cops pendent lor forz escus bouclez,
Et en lor poinz les espiez noielez.
De la vile issent et rengie et serré
Devant elsfont l'oriflanbe porté
Tout droit vers Nymes se sont acheminé.
A tot dis mille de François bien armez
qui de bataille estoient aprestez...
Par mijorez et par bois chevauchièrent
Par Ricordane outre s'en trespassèrent,
De si au Pui onques ne s'arestèrent...

Dix mille chevaliers sur la Régordane ? Le chemin a vécu ses heures de gloire. Trop de prospérité, de joie tuerait-il ? Une histoire millénaire s'enfoncerait dans l'oubli ? Comme Merlin toujours vivant au plus profond du lac, la Régordane s'enfonce doucement dans les eaux de l'oubli.Histoire du Chemin Régordane / Saint Gilles (GR700) 10

Dès la fin du XIVe siècle lorsque la guerre de cent ans fait délaisser notre territoire trop menaçant au profit de l'Allemagne et des Flandres. La vallée du Rhône et les foires franches de Lyon auront définitivement raison de son intérêt économique. Ressurgi au XVIIIe siècle de par la volonté royale, elle s'étiole à nouveau car sa vie est ailleurs. Plus rien ? Des ruines, des broussailles, des pavages, un chemin. C'est ici, c'est là... Mais tient-elle prisonnières en ses flancs des sirènes ? la musique est bien là qui demeure.

Parfums et sonnailles n'en finissent plus de raconter ses innombrables légendes. Et des pavés disjoints sourd un chant ancien. Enveloppants et éternels sont ses rivages. Et ses mirages qui conduisent nulle part sauf au bout de nos rêves.

Chemin de Régordane ou Voie régordane
Seule l’expression Chemin de Régordane est correcte si l'on se réfère aux formes anciennes que nous avons recueillies depuis le 12e : itinere publico regordane, iter publicum regordane, strata publica de regordane, carreriera publica regordane, grand camy de regordane, caminus Regordane, Chemin de Régordane.

Le poète Mistral dont l'érudition n'a jamais été contestée, l'appelle camin regourdan. Par ailleurs, Regordane est le nom d’une région, d’une terre, voie même d’une province, qui s’étendrait approximativement d’Alès à Pradelles et à Largentière ainsi que nous l’avons montré ailleurs (Le Chemin de Régordane, Ed. Lacour, Nîmes). Chemin de Régordane est le nom donné à l’axe majeur qui traverse le pays de Régordane, tout comme au nord Chemin de Forez désigne la grande route qui traverse cette région et plus loin encore Canal de Berry s’applique à la voie d’eau qui dessert cette province. On remarque la préposition de qui est employée. L'expression voie Régordane qui est répandue n’a été retenue qu'à partir du 19e siècle pour donner à cette route une origine romaine improbable. Nous n’avons relevé cette expression qu’une seule fois, au 18e siècle, tempérée par sa traduction française, via regordia, vulgairement chemin de régordane. Par ailleurs, cette expression est alors utilisée dans le cadre d’une polémique. par Marcel Girault

 

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